Quand je me mets sur l’ordinateur dans le but de pondre un nouvel article sur ce blog, je commence généralement par créer un album photo par évènement, par tranche de voyage, avant de me mettre au texte. 2 mois déjà depuis la dernière publication, et je dois avouer que c’est non sans mal que je me suis replongé dedans, surtout après l’arrière goût que la West Coast nous a laissé dans la bouche, pour les raisons que vous trouverez ci-dessous.

Mais le tri des quelques centaines de photos prises dans l’île du Sud m’a fait prendre conscience que malgré les quelques points négatifs du périple, nous vivons ici une expérience qui restera gravée dans nos mémoires, et rirons à l’avenir de ces petits échecs alors si amers quand on les vit.

Prévenus par les locaux que la West Coast (ironiquement appelée ici la « Wet-Coast », la côte humide) souffre des plus fortes/fréquentes précipitations de tout le pays, nous partons le coeur vaillant de Nelson en direction de la ville portuaire de Westport, trajet qui nous prendra 2 jours avec nuitée à Murchison, où une charmante locale nous proposera l’hospitalité (comprendre un accès légal à son parking pour la nuit).

Il commence à pleuvoir.

Wesport sera l’occasion d’une belle balade au bord de la Mer de Tasman jusqu’au cap Foulwind, où nous pourrons observer une importante colonie de phoques. Il est très amusant de constater les interactions entre ces individus, les relations de familles, de mères à petits, sous l’oeil inquisiteur du mâle dominant qui rumine d’ors et déjà des projets d’anéantissement de ces jeunes mâles encore adolescents susceptibles d’un jour réclamer leur place sur le trône (à savoir le cailloux le plus haut perché..)

Il pleut.

La route jusqu’à Punakaiki est impressionnante, tout en longueur, nous faisant alors profiter du spectacle de la mer qui vient s’acharner sur cette côte vierge de toute civilisation, d’un va et vient incessant et tout en puissance. Et nous constaterons en effet les résultats de ce phénomène naturel aux Pancake Rocks (chapeau par ailleurs au travail des DOC quant à l’accès sur site et la qualité des infrastructures), qui portent bien leurs nom quant à.. ..comment dire.. ..vous verrez par vous même en parcourant les photos :-)

Il pleut encore.

Punakaiki c’est aussi l’occasion de découvrir notre première grotte, directement accessible depuis la route, guère acclamée par les commentaires de internautes qui comparent tout de suite avec d’autres caves du pays à priori bien plus impressionnantes. Mais pour une première, nous serons absolument satisfaits !

Il pleut toujours.

La route jusqu’à Greymouth est tout aussi spectaculaire, avec cette fois-ci d’imposantes falaises qu’il nous faut longer, mais toujours aucun signe de civilisation. On commence à bien assimiler le concept du 1% de la population néo-zélandaise installée dans cette région. Cette ville minière, où nous visiterons la brasserie Monteith’s et jouirons d’un fabuleux coucher de soleil, sera cependant le début de nos « mésaventures », tout simplement du fait que nous y avons essuyé notre première amende pour non-respect des réglementations appliquées au camping sauvage.. Et bim, 200$. Mais je plaide coupable, ayant mal interprété un mot dans le règlement de ce district, nous nous sommes nous même jetés dans la gueule du loup, je vous passe les détails. Mais ce qui nous inquiète le plus désormais, c’est l’idée que pour éviter toute contrariété similaire, nous allons devoir organiser nos nuits en fonction des emplacements officiels NON-PAYANTS attribués aux véhicules non-autonomes, souvent difficiles d’accès, et très peu nombreux dans l’île du Sud (business is business..). Et ça, c’est un budget que nous n’avions absolument pas prévu. Bye bye le projet des Milford Sounds en hélicoptère…

Il pleut et il y a du vent.

On décolle (tout de même..) de Greymouth en direction d’Hokitika, petite ville réputée pour son travail de la jade, puis enchainerons par les Hokitika Gorges, dont on dit de la couleur de l’eau qu’elle peut-être soit bleue-turquoise, soit claire-cristaline, soit gris-boue.. Et bah aujourd’hui c’était gris-boue…

Il n’a pas plut aujourd’hui, deux fois.

Fatigués de cette poisse, nous nous réjouissons cependant à l’idée de la suite du programme, les très réputés glaciers de Fox et de Franz Joseph. 2 longues heures de route pour arriver sur place et constater une météo épouvantable, pour changer. On se console toutefois grâce au fait qui nous pourrons observer nos premiers kiwi-birds dans un centre animalier (probablement placé là en guise de consolation pour les touristes bloqués par la météo), mais déciderons toutefois de reprendre la route, nous disant qu’il est trop risqué d’attendre deux jours pour les glaciers en espérant de l’amélioration, et de toute manière, à part les glaciers (pi on en a plein à la maison d’abord..), il n’y a rien ici (le mauvais esprit nous envahit peut-être un peu aussi..). Nous passerons ainsi la nuit dans un camping où nous pourrons profiter d’une bonne douche chaude et d’une cuisine équipée. Nous y rencontrerons par ailleurs Elodie et Cyril, couple belge qui attaquait tout juste (depuis 2 semaines seulement) un tour du monde à vélo en débutant à Dunedin, et qui entreprenaient de remonter l’île du Sud par la West Coast. Touchante naïveté, ils ne se doutaient alors de rien..

Lourde pluie ce soir là.

Aussi improbable que cela puisse paraitre, il fait beau quand nous arrivons le lendemain à Haast, intersection pour quitter la West-Coast. Plein d’espoir, nous poursuivrons alors jusqu’à l’extrémité de la Jackson Bay, et constaterons enfin la beauté de la côte sous le soleil.

Rhaa ça fait plaisir ce soleil !

D’autant plus que nous pénétrons désormais dans la région montagneuse du pays, et ce via le Mount Aspiring National Park. Nous attaquerons d’ailleurs tout de suite les hostilités avec l’ascension jusqu’au refuge du Mont Brewster, une sacré droite verticale de 1000m D+ avec départ les pieds dans l’eau (traversée d’un cours d’eau bien assez glacial et pas vraiment annoncée dans les topos..), mais qui nous fera sortir la tête du bush et jouir d’une claque visuel avec un panorama à 360° sur les sommets du parc national. Et cerise sur le gâteau, nous serons accueillis au refuge par un couple de (bruyants) Keas, le seul perroquet d’altitude de la planète, magnifique volatile aux reflets verts et rouges sous les ailes.

Le soir même, nous profiterons d’un bain dans le très bleu lac Hawea, et passerons la nuit sur ses rives, tout en planifiant la suite du programme et l’arrivée à Wanaka.

Il fait si beau.