Quel bonheur d’enfin être entourés de montagnes dignes de ce nom ! La région du Mount Aspiring National Park nous donne véritablement le sentiment d’être à la maison, en Haute Savoie, tant pour la beauté de ses crêtes que pour la pureté de ses lacs. Nous longerons par ailleurs l’un d’eux pour enfin arriver à Wanaka. Il me tardait personnellement d’y mettre les pieds afin de constater de mes propres yeux cette très réputée station de ski, où se retrouvent chaque année les skieurs kiwis et australiens avides de belles pentes mais qui cherchent cependant à fuir le tumulte touristique de Queenstown. Et nous tomberons alors véritablement amoureux de cette charmante commune en tout point similaire à nos stations savoyardes, tant pour la vie qui anime ses rues que pour sa situation topographique, en bordure d’un lac et encerclée de rassurantes montagnes. Après un passage au bureau des DOC, nous y établirons alors notre camp de base en préparation d’un trek de 3 jours qui s’avérera être le plus beau spot du trip jusqu’à aujourd’hui. En effet, le mot d’ordre de ce trek sera le suivant : DIVERSITÉ


Vaillamment, et tout sacs préparés, c’est sous un soleil radieux que nous attaquerons le premier jour l’ascension du Breast Hill en suivant une longue crête particulièrement engagée (à ne pas emprunter un jour de pluie, gare à la glissade !)(vous pouvez en suivre le tracé sur la 2ème photo de l’album dédié à cet article) qui nous offrira un panorama à couper le souffle sur le lac Hawea, et nous permettra même d’admirer au loin le sommet du Mont Aspiring et ses 3033m. La vue est époustouflante, et les conditions météo ne pouvaient pas être plus clémentes pour une telle randonnée. Carole me fera par ailleurs remarquer que « si on veut arriver au refuge avant la nuit il faudrait que tu réduises les pauses photos mon chéri ». Et c’est en effet 5h plus tard que nous arriverons à la Pakituhi Hut, alors vide de tout marcheurs, mais qui ne tardera pas à se remplir au-delà de sa capacité de couchage. Comme nous avions été prévenu au bureau des DOC, « First arrived, first served ».


Parenthèse intéressante au sujet de la population que nous rencontrerons ce soir là. Il existe en Nouvelle-Zélande un tracé que l’on appelle le Te Araroa, à savoir une marche de 3000km qui traverse le pays dans toute sa longueur (les deux îles donc). Aberrant me direz-vous ? Cela dépend de quel marcheur vous êtes. Certains n’en font qu’une partie, île du Nord ou île du Sud, sélectionnant alors les plus beaux spots et n’hésitant pas à tendre le pouce ou à prendre les transports en communs pour éviter les sections à moindre intérêt. Et puis il y a les puristes, qui doivent absolument rallier les 2 extrémités du tracé sans s’en éloigner d’un pouce, s’exposant alors aux longues portions telles que les bordures de route de 40km, à la merci des poids-lourds et des aléas météorologiques, et qui se montrent parfois un rien condescendant à l’égard de ceux qui choisissent de supprimer le facteur -mauvaise expérience-. « Tu fais le Te A’ dans son intégralité ou tu n‘as rien à faire ici ». Voilà, une paire de claques pour ce monsieur s’il-vous-plaît..

Nous comprendrons ainsi que le tracé de notre ridicule trek de 3 jours se fera en partie sur celui du Te Araroa. Et dans ce refuge à capacité de 10 personnes, nous serons en fait plus de 15 à prévoir d’y passer la nuit (ça va qu’ils ont des tentes..), Carole et moi-même étant les 2 seuls à ne pas faire le « Te A’ » (nous en apprendrons par ailleurs l’existence ce soir-là, ne manquant pas d’en outrer quelques uns..). Mais nous ferons cependant quelques jaloux en sortant de nos sacs fruits et mets divers, sous le regard dépité de ces marcheurs aguerris uniquement nourris d'aliments déshydratés/lyophilisés, chaque cm3 de leur sac étant ingénieusement exploité dans la recherche du moindre gramme superflu.


Le deuxième jour, il y a du vent. Et quand je dis du vent, je parle du VENT. Même les puissantes rafales connues à Wellington n’étaient rien en comparaison de ce que nous avons vécu ce jour là, au point que Carole avait parfois du mal à tenir debout ! Mais le soleil restera généralement au rendez-vous ce qui nous permettra tout de même de rallier le sommet du Breast Hill et jouir une dernière fois de la vue sur le lac Hawea, avec en plus un splendide arc-en-ciel pour couronner le tout. Nous reprendrons ensuite la route dans un environnement totalement différent de celui qui nous avait été offert le premier jour (c’est là que je parle de diversité). Nous traverserons cette fois-ci les terres arides (et soufflées..) d’un plateau vierge de toute civilisation avec pour objectif la Stodys Hut où nous prévoyons de passer la deuxième nuit. Le paysage est tout aussi splendide, nous surplombons de lointains plateaux verdoyants et même le vent (qui a tout de même réussi à se montrer un poil inquiétant par moment..) n’a pas nui à notre bonheur de marcher seuls entourés de si beaux panoramas.

Arrivés au refuge (tout ce qu’il y a de plus rudimentaire, rien à voir avec le premier soir, c’est charmant !), nous ferons la rencontre d’un chasseur, un véritable kiwi (« jamais quitté l’île du Sud, jamais quitté la Nouvelle-Zélande, pour quoi faire ?.. ») qui nous suggère quelques adresses où nous pourrons déguster du « venison », terme employé ici pour citer le gibier. Après avoir pris soin de suspendre nos sacs au plafond en anticipation des raids de quelques gourmands rongeurs, nous nous endormons comme des pierres, épuisés par cette lutte que nous avons du livrer toute la journée contre la puissance du vent.


D’après les topos, ce 3ème jour, nous devons rejoindre la Timaru River, qu’il nous faudra alors suivre sur une dizaine de km pour retrouver le point de départ du trek. Raide sera la descente jusqu’au cours d’eau, et nombreux seront les marcheurs du Te Araroa que nous croiserons, éreintés et poussiéreux. Mais quelque chose d’absolument improbable se produira : nous prendrons une courte pause pour discuter avec un couple de français, et c’est seulement après quelques minutes de conversation que nous réaliserons que nous étions en réalité censés nous rencontrer quelques mois plus tard lors de l’accueil en NZ d’amis communs venus découvrir le pays pour quelques semaines !


-      « On a des amis qui viennent de France en février

-      Qui sont vos amis ?

-      Comment ça qui sont nos amis ?.. (c’est quoi cette question, c’est qui lui..)

-      N’y aurait-il pas un certain Julien Fournier dans le groupe par hasard ?..

-      Mais SI !!! Mais attends mais alors mais c’est toi Tanguy ?!?!?.. »


Émotion, et nécessaire selfie.


Après avoir échangé nos coordonnées avec Estelle et Vincent, nous reprendrons la route en suivant la vallée, avec une nouvelle fois un paysage en tout point différent des 2 premiers jours jusqu’à la fameuse rivière. La nana des DOC nous avait prévenu qu’il nous faudrait « par moment » traverser la rivière par nos propres moyens, mais nous ne nous attendions pas à avoir à le faire une bonne vingtaine de fois haha ! Qu’à cela ne tienne, le débit est faible, il fait beau et chaud, c’est notre dernier jour de trek, gaiement nous évaluerons les meilleurs points de passage, tout pieds chaussés, et rallierons le lac Hawea où nous retrouverons la voiture (un tantinet soulagés après l’avoir laissée là 3 jours au beau milieu de nul part..). Sur le chemin du retour vers Wanaka, nous ferons un plouf (glacial mais indispensable) dans le lac, puis nous nous jetterons dans le premier restaurant à burger que nous trouverons afin de déguster ce met tant attendu/mérité que nous nous étions promis.


Nous dormirons BIEN cette nuit là, et jusqu’à TARD le matin, mais l’heure est déjà à quitter Wanaka pour découvrir la fameuse ville de Queenstown.